Pathologies parodontales. La 6e complication du Diabète.
« Pathologies parodontales. La 6e complication du Diabète ».
C’est le titre d’une étude publiée en 1993 par Harald Loë, un chercheur Norvégien à l’impressionnante carrière d’enseignant et de chercheur en parodontologie, à qui l’ont doit la découverte du rôle de la plaque dentaire dans le développement de la gingivite dès 1965.
Dès lors, le lien bidirectionnel entre un Diabète, ou plutôt, déséquilibre glycémique, et pathologies parodontales, est établi.
Moins souvent abordées que les rétinopathies, neuropathies (nerfs), néphropaties (reins), et les complications cardio-vasculaires, nos dents et nos gencives sont donc AUSSI un point de vigilance particulier pour les Diabétiques!
Cet article est tiré de l’épisode 02# du Podcast Happy Diabetes « Le Type 1…on en parle? », dans lequel le Docteur Peglion, chirurgien-dentiste, nous informe et nous aide à mieux comprendre les liens entre équilibre glycémique et pathologies bucco-dentaires.
À quoi devons-nous être vigilants en tant que diabétiques?
Microbiote buccal, mécanismes inflammatoires, équilibre glycémique et complications dentaires, gestes du quotidien, hygiène bucco-dentaire… Allez, on fait le point!
Voyons si vous êtes incollable! 🧐
En tant que Diabétique de Type 1, quel est votre risque de développer des pathologies bucco-dentaires?
La réponse, c’est « ça dépend ».
Ça dépend surtout de votre équilibre glycémique, comme l’explique le Docteur Peglion.
Comme pour l’ensemble des complications les plus fréquentes du Diabète, listées dans le tableau ci-dessous.

À l’exception toutefois des risques de surinfection et de votre capacité à cicatriser vite et bien.
Lorsque vous êtes en hyperglycémie, votre risque d’infection et de surinfection augmente car l’hyperglycémie a pour double effet de mobiliser votre système immunitaire, et de modifier le milieu dans lequel les réactions chimiques qui permettent de lutter contre les infections peuvent opérer correctement.
Les complications parodontales, qu’est-ce que c’est?
Le parodonte c’est ce qui entoure (-paro-, autour) les dents (-don-), principalement les gencives et l’os.
À l’état pathologique on parle notamment de gingivite (maladie qui touche les gencives) et de parodontite (quand l’os aussi est atteint).
Il s’agit notamment des gingivites (gencives), et des parodontites (tout ce qui entoure la dent).
Elles sont les complications dentaires plus fréquentes chez les Diabétiques qui accumulent des années de diabète mal équilibré.
Elles peuvent conduire à des déchaussements et des infections.
Et puis, il y a les caries.
Lorsque nous sommes en hyperglycémie, notre salive se transforme, se raréfie, et elle est plus sucrée, ce qui favorise l’apparition de caries.
D’autres mécanismes favorisent aussi très probablement le développement de caries chez les diabétiques, mais comme l’indique le Docteur Peglion, la recherche a encore beaucoup à faire pour les élucider.
Le développement d’infections fongiques (champignons) est également plus fréquents au sein de la population des Diabétiques. Là encore, les diabétiques équilibrés, qui chouchoutent leur système immunitaire en adoptant une bonne alimentation et une bonne « hygiène de vie » ne présentent pas le même niveau de risque que les autres.
Vous avez peut-être déjà entendu parler ou souffert du « pied d’athlète ».
C’est un exemple d’infection fongique qui se propage sur la peau qui sépare les orteils, courante chez les diabétique.
Modification du milieu (plasma et tissus) due à l’hyperglycémie plus système immunitaire affaibli par les déséquilibres glycémiques de moyen – long terme, il n’en faut pas plus pour créer les conditions pour que des infections fongiques/champignons s’y plaisent un peu plus que nous ne le voudrions.
Et la bouche ne fait pas exception.

La bonne nouvelle, c’est qu’il y a de nombreuses façons d’agir au quotidien pour éviter tout cela.
À commencer par l’équilibre glycémique bien sûr, mais ce n’est pas la partie la plus simple, et ce n’est pas l’objet de cet article.
Une façon simple de limiter les risques de complications bucco-dentaires… c’est de commencer par une bonne hygiène bucco-dentaire!
Voyons donc quelles sont les bonnes habitudes à prendre dès maintenant!
Pour bien travailler, il faut de bons outil.
- À commencer par votre dentifrice.
En fait…il n’y a pas de « bon » dentifrice. Il y a celui qui correspond à votre situation.
Votre dentiste est donc le mieux placé pour vous guider.
Pour ma part, j’alterne entre Parodontax, un dentifrice fait pour les gencives sensible, et un dentifrice maison.
Ma recette maison, c’est une base de charbon actif et huile de coco (pour « tout capturer » et (ré)équilibrer le pH), à laquelle j’ajoute quelques gouttes d’huile essentielle de Tea Tree pour ses propriétés anti-fongiques et anti-bactériennes, et de Menthe verte ou poivrée pour en donner le goût et l’odeur au dentifrice.
Il parait aussi que l’huile de coco blanchit les dents. Une bonne alternative au bicarbonate de soude, qui, avec ses propriétés abrasives, peut abîmer vos gencives
- Pour votre brosse à dents, le Docteur Peglion explique qu’une brosse à dents manuelle souple est un bon choix.
Une brosse à dents dure risque de vous faire plus de mal que de bien, et n’apporte en réalité aucun bénéfice.
Une brosse à dent électrique ? Ce n’est pas forcément la meilleure option lorsque l’on souffre de problèmes gingivaux.
Mais si vous tenez à votre brosse à dents électrique, ne doublez pas la pression exercée sur vos dents et gencives d’une pression manuelle. Déplacez-la, mais laissez-la faire son travail.
Le brossage ne doit pas être traumatique!
La brosse à dents et le·s bon·s dentifrice·s, c’est un bon début!
Mais…cela ne permet pas de vous débarrasser de tout ce qui se dépose dans les espaces inter-dentaires.
- Pour cela, si vous n’utilisez pas de brossette inter-dentaire…courez vous en procurer une!
Choisissez la taille adaptée à vos espaces inter-dentaires, utilisez-la quotidiennement, doucement, et ne vous inquiétez pas si elle provoque quelques légers saignements…dans une certaine mesure!
L’utilisation de la brossette inter-dentaire ne doit pas, elle non plus, être traumatique!
Après les bons outils…le bon mode d’emploi!
- Êtes-vous certain·e de vous brosser les dents dans les règles de l’art?
Nous sommes beaucoup à penser qu’il faut juste « brosser »…et à abimer nos gencives et mal nettoyer nos dents en pensant bien faire!
Pendant 2 minutes minimum au total (2 minutes, c’est long!), assurez-vous, pour chaque dent, de balayer (oui, balayer, et pas récurer!) de la gencive vers la dent.
Autrement dit, du haut vers le bas pour la partie supérieure de la mâchoire, et du bas vers le haut pour la partie inférieure..et pas l’inverse, ni toujours dans le même sens!
Rappelons-le, la plaque dentaire est un facteur important dans le développement de la gingivite.
Une brossage inefficace laisse de la plaque dentaire à divers endroits de votre bouche.
- Pour savoir si votre brossage est efficace, le Docteur Peglion vous conseille de vous procurer, en pharmacie ou sur internet, un révélateur de plaque.
Après votre brossage, vous le passez sur vos dents, et vous constatez là où il reste un peu, beaucoup…ou pas de plaque dentaire malgré votre brossage!

- La fréquence conseillée pour vos brossages
La fréquence recommandée est de 2 fois par jour, auxquelles vous pouvez ajouter un ou plusieurs petits brossages d’appoint après vous être resucré·e par exemple.
Maintenant, si vous cochez toutes les cases évoquées ci-dessus, vous mettez toutes chances de votre côté pour éviter la survenue de complications bucco-dentaires.
Mais cela n’est bien entendu pas une garantie à 100%!
Et malheureusement, ce n’est pas parce que vous ne « voyez » ou ne « sentez » rien d’anormal que tout va bien.
Car pour tordre le cou à cette idée reçue, une pathologie bucco-dentaire en train de se développer n’est pas forcément douloureuse.
En fait, elle est bien souvent douloureuse lorsqu’il est un peu trop tard pour que votre dentiste puisse la soigner sans douleur, sans chirurgie, sans opération,…et sans que cela ne vous coûte un mois de salaire!
Moralité, il ne faut pas attendre d’avoir mal pour vous rendre chez le dentiste!
- Un visite de contrôle 2 fois par an vous assurera d’anticiper d’éventuelles complications (grâce aux détartrages par exemple), et/ou de les prendre en charge lorsqu’elles sont encore récentes et réparables.
De plus, elles sont, depuis quelques années, bien prises en charge avec le protocole exonérant d’ALD (affection de longue durée) appliqué dans le cas du Diabète de Type 1. Si tout cela n’est pas très clair, vous pouvez consulter ce mémo Ameli sur le protocole de soin lié à la prise en charge de l’ALD.
Comme expliqué sur cette page dédiée à la prise en charge des soins à 100% liés à notre ALD, « vous bénéficiez de l’exonération du ticket modérateur, c’est-à-dire que vous n’avez pas à faire l’avance des frais. Cette prise en charge n’inclut pas les dépassements d’honoraires. En revanche, les franchises médicales et participations forfaitaires sont toujours a votre charge.«
Mais au plus les complications sont prises en charge tôt, au plus vous évitez de vous retrouver en situation de devoir régler lesdites franchises médicales et participations forfaitaires.
Et au plus vous évitez les douleurs et infections liées à ces complications…et les perturbations glycémiques qu’elles provoquent!
Alors, n’attendez pas, consultez régulièrement votre dentiste et posez-lui toutes vos questions, il saura vous conseiller.
Le rendez-vous chez le dentiste qui fait mal, c’est celui que l’on prend trop tard!
Notre microbiote, c’est l’ensemble des bactéries, « bonnes » ou « mauvaises », qui vivent dans et sur notre corps.
Elles sont en moyenne 100 000 milliards (oui, « cent mille milliards »!) à y vivre et « s’y promener » chaque jour pour un adulte.
Elles constituent même 5 kgs de notre poids total, dont 1 à 1,5 kgs dans notre intestin!
De plus en plus de chercheurs se penchent sur son fonctionnement et son rôle dans état de santé.
Beaucoup de choses restent encore à découvrir à son sujet, mais la diversité et la qualité de cet écosystème bactérien, propre à chacun, détermine largement notre état de santé.
Résumé simplement, si votre microbiote composé de beaucoup de mauvaises bactéries et peu de bonnes, vous risquez de développer de nombreuses pathologies passagères ou chroniques au cours de votre vie…et inversement.
Lorsqu’on parle microbiote, on pense souvent au microbiote intestinal.
Mais notre bouche héberge elle aussi un large écosystème bactérien!
Tout comme pour notre microbiote intestinal, un microbiote buccal bien équilibré (comprendre, riche en bonnes bactéries, pauvre en mauvaises) limite grandement nos chances de développer toutes sortes de pathologies bucco-dentaires.
La bouche est une porte d’échange entre notre microbiote et l’extérieur, et nous ne pouvons donc pas en maîtriser complètement la composition, à l’instar du microbiote intestinal qui diffère selon la composition de l’air dans l’endroit où vous vivez par exemple.
En revanche, comme le D. Peglion le rappelle, lorsqu’il s’agit de booster notre microbiote buccal et plus largement notre système immunitaire, avant de penser médicament, il faut nous pencher sur le contenu de nos assiettes.
C’est un sujet vaste et passionnant, mais ne négligez pas l’impact de votre alimentation dans la survenue d’infections, de surinfections, votre capacité à cicatriser vite et bien, les complications parodontales et autres complications en tout genre!
Sans oublier les autres facteurs qui contribuent à la bonne marche de notre système immunitaire.
Avant que des menaces venues de l’extérieur (virus, champignons…) ou les petits dysfonctionnements de nos cellules, tissus et organes deviennent problématiques, notre système immunitaire déploie des trésors d’ingéniosité pour régler de nombreux bobos au quotidien.
Si tant est qu’il soit chouchouté et bien armé pour cela!
Plus les « muscles » de notre système immunitaire sont développés, et plus nous avons de « troupes » disponibles pour aller au combat, plus ce dernier sera efficace et règlera nos petits bobos tout seul, comme un grand, sans même que nous n’en ayons conscience.
Pour cela, voici un rappel de quelques leviers d’action simples et peu coûteux pour chouchouter notre système immunitaire comme il le mérite:
- Des glycémies équilibrées (hyperglycémies ET hypoglycémies provoquent des réactions inflammatoires et mettent toutes deux notre système immunitaire en surchauffe et abiment nos tissus) ⚖️📍✅⚖️
- Des infections, coupures, blessures et autres bobos correctement soignés 🩹🧼🧴
- Fruits, légumes, oléagineux,….toutes ces aliments non transformés, frais et colorés, avec un apport suffisant en eau au quotidien, lui donnent la matière première pour bien fonctionner et recharger ses batteries 🤗🍉🤗
- Un minimum de lumière artificielle/lumière bleue le soir ⛔️💻📱📺⛔️
- De bonnes et longues nuits de sommeil en phase avec l’alternance jour/nuit de la lumière naturelle 🧸😴
- Prendre l’air et être au contact de la 🚪👀☀️ lumière naturelle 🚪👀☀️ au moins 15 minutes par jour (c’est vraiment un minimum!)
- La pratique régulière d’un ou plusieurs sport(s), idéalement à intensité modérée (ni trop intensive, ni trop peu…) 🏊🚴🏻♀️🏃♀️
- Vous détendre, vous relaxer,….Car le stress a un impact négatif fort sur notre système immunitaire. Eh oui, les bobos visibles ne sont pas les seuls à mériter d’être pris au sérieux 🧘🏻♀️😌🧘♂️🏖
J’ai des bactéries dans le corps, moi?
J’espère que cet épisode du Podcast « Le Type 1…on en parle? » avec le D. Peglion, chirurgien-dentiste, et cet article qui en découle, vous aideront à y voir plus clair et à adopter les bons réflexes pour votre santé bucco-dentaire.
Car le Diabète de Type 1 à gérer au quotidien, c’est déjà pas mal, non?
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En attendant…prenez soin de vous 😉
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Voici quelques ressources complémentaires sur les liens entre pathologies bucco-dentaires et diabète.
https://doctocare.com/nos-experts/maladies-parodontales-et-diabete-pathologies-etroitement-liees/
https://www.kin.es/fr/diabetes-y-salud-bucodental-como-afecta/
Ainsi qu’un résumé du parcours d’Harald Loë, l’auteur de l’étude de 1993 qui fut le premier à établir les pathologies parodontales comme étant l’une des complications majeures du diabète:
https://onih.pastperfectonline.com/byperson?keyword=Loe%2C+Harald
