Diabète de Type 1 et Diabète de Type 2: pourquoi le même nom?

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le Diabète de Type 1 et le Diabète de Type 2 portent le même nom?

« Diabète », comme s’il s’agissait d’à peu près la même chose…à une ou deux différences près, regroupées sous l’appellation « Type 1 » d’un côté, « Type 2 » de l’autre.

Quand on sait ce que sont réellement l’une et l’autre, il y a de quoi se demander… Mais qui a bien pu leur donner pratiquement le même nom?

L’histoire de la découverte et de la compréhension « du Diabète » remonte pour ainsi dire aux origines de l’humanité…et s’accélère avec les avancées de la science au XXe siècle.

En remontant le fil des découvertes qui ont permis de comprendre le Diabète de Type 1 et de Type 2 tels que nous les connaissons aujourd’hui, vous verrez que c’est finalement en voulant les étudier et mieux les différencier…qu’on a fini par créer les conditions pour les confondre!

L'origine du mot Diabète

Le « diabète » est connu depuis l’antiquité.

On trouve d’ailleurs l’origine du nom « diabète » dans le grec ancien « διαβαίν », qui signifie « passer à travers« .

Ce qui « passe à travers », ce sont les nutriments, et surtout le sucre, que l’on retrouve dans des quantités anormalement importantes dans les urines chez les personnes Diabétiques.

Le sucre et les autres nutriments sont ingérés…mais au lieu d’être réutilisés pour le bon fonctionnement de notre corps, ils nous « passent au travers » et se retrouvent partiellement ou intégralement dans les urines.

C’est ce phénomène, accompagné de polyuro-polydipsie, une soif intense en permanence accompagné d’une envie toute aussi intense et permanente d’uriner, est souvent à l’origine de la découverte du Diabète.

Il est toutefois particulièrement fort et soudain lors de la survenue du Diabète de Type 1, et plus diffus et insidieux dans le cas d’un Diabète de Type 2.

 

Type 1, Type 2, qui a eu cette idée folle?

Voilà pour le nom « Diabète ».

Jusqu’ici, rien d’anormal.

Mais alors, Type 1? Type 2?

Le Type 1 serait peut-être le premier à avoir été découvert? Le premier à arriver au cours de la vie? Le plus grave? Le plus courant?

Sur quoi miseriez-vous?

Ne misez pas trop, vous risqueriez de perdre…car la réponse est surprenante!

Le somatype

Eh bien, c’est d’une étude anthropométrique qui a donné leur nom au Diabète de Type 1 et au Type 2.

Cet article du Diabetes Journal, relate (en anglais) l’histoire de ce malentendu.

Tout a commencé dans les années 1940, lorsque W.H. Sheldon, un psychologue américain, développe le concept du somatype, du grec « soma » (σῶμα sỗma), le « corps ».

Il suggère qu’il est possible de corréler statistiquement des caractéristiques psychologiques avec la typologie des corps humains.

Première étude anthropométrique du Diabète

Dans ce cadre, des observations ponctuées de mesures précises et photographiques sont réalisées pour tenter d’utiliser cette théorie pour avancer dans notre compréhension de diverses maladies, dont le Diabète.

C’est là que l’anthropologie fait son entrée avec M. Dupertuis, qui organise une étude sur 225 sujets Diabétiques d’une clinique de New York.

Persuadé qu’il s’apprête à étudier une seule et unique pathologie, il s’aperçoit vite, à sa grande surprise, qu’il a affaire à deux types de  morphologies bien distinctes.

Il les sépare donc en deux groupes dans le cadre de cette étude: le groupe I, et le groupe II (qu’il subdivisera ensuite en IA et IB).

Le groupe IA possédait « un squelette linéaire et délicat », alors que le groupe IB, « l’effet de sculpture du muscle est obscurcie d’un léger pannicule graisseux » .

 

Un pannicule graisseux ou adipeux, c’est couche de tissu cellulaire placée sous la peau et où s’accumule la graisse.

Autrement dit, les patients du groupe IA étaient plus minces.

 

En 1951, Joseph Lister, co-développe ces observations.

Pour la petite histoire, Joseph Lister n’est rien d’autre que le Père de la chirurgie moderne! Comme expliqué dans cet article, ce chirurgien, naturaliste et micrographe britannique, inventeur de l’antisepsie moderne, il fut un des premiers à comprendre que bien des maladies post-opératoires étaient dues aux déplorables conditions d’hygiène que connaissaient alors tous les hôpitaux.

Il établit qu’il existe « deux groupes de Diabétiques: les jeunes, minces et sans artériosclérose, avec une pression artérielle normale et une manifestation subite de la maladie; et le groupe des plus âgés, obèses, artériosclérosés, souffrant d’hypertension et pour qui la maladie semble se manifester de façon insidieuse. […]. Nous avons provisoirement désigné ces deux types respectivement Type I et Type II. »

 

Le retour de Lister

Par la suite, les premières découvertes majeures sur le fonctionnement du système immunitaire apportent leur lot de réalisations inattendues sur le fonctionnement de notre corps et commencent à faire la preuve dans la guérison de certaines pathologies.

Cette histoire passionnante est d’ailleurs relatée dans La grande histoire du système immunitaire, du journaliste Américain Matt Richtel, publié en français en 2019.

La compréhension et la classification du Diabète de Type 1 comme maladie auto-immune, à la différence du Diabète de Type 2, apparaît.

Dès lors, l’appellation Type 1 et Type 2 se fait plus rare dans la littérature scientifique et grand public, au profit d’autres.

« Diabète gras », « diabète sucré », « diabète insulinodépendant », « diabète juvénile », « diabète mellitus »….

Chacune décrit avec peut-être moins de confusion ce qu’est le Diabète de « type 1 » par opposition au « type 2 ».

Mais elles décrivent toujours mal le fait qu’il s’agit bien de pathologies fondamentalement différentes!

Un diabétique de Type 2 peut finir par être insulinodépendant, mais son diabète n’est pas auto-immun comme dans le cas du Diabète de Type 1.

Un adulte peut devenir Diabétique de Type 1, rendant inappropriée le « diabète juvénile ».

Ça n’est toujours pas ça…mais il y a du mieux!

 

Et puis, en 1976, retour à la case départ!

Andrew Cudworth, un chercheur en médecine Britannique, réalise une étude en collaboration avec Lister, à l’origine des appellations « Type 1 » et « Type 2 ».

C’est donc tout naturellement qu’il reprend ces appellations dans la publication des résultats….

Ensuite, de nombreuses publications reprennent cette étude et s’appuient sur ces résultats pour poursuivre les travaux de recherche.

Ensuite, vous l’aurez compris, par habitude,  « groupe 1 » et « groupe 2 » deviennent « diabète de Type 1 » et « diabète de Type 2 ».

Joey from Friends Astonished

Surprenant, non?

J’espère que l’histoire du nom Diabète, du Type 1 et du Type 2, vous auront intéressé.

Est-ce que vous aussi, ça vous a donné envie de trouver un nouveau nom pour le Diabète de Type 1?

Déficience de Langherans, syndrôme pancréatique auto-immun…?

Moi, en tout cas, j’y réfléchis sérieusement!

La grande Histoire du Système immunitaire - Matt Richtell

Pour mieux comprendre le fonctionnement de notre système immunitaire et l’histoire de sa découverte au fil du XXe siècle, je vous recommande chaudement ce super livre du journaliste Matt Ritchel.

Cliquez ci-dessous pour découvrir le résumé du livre 👇

Le sommeil, la forme physique, l’humeur, le vieillissement  : ces composantes essentielles de notre santé dépendent toutes de notre système immunitaire.
Depuis des siècles, la science cherche à percer le mystère de ce mécanisme aux propriétés aussi fascinantes que complexes. Car si elles nous protègent, elles peuvent également se retourner contre notre organisme.
Comment expliquer qu’un patient résiste mieux à un virus qu’un autre ? D’où viennent les maladies auto-immunes  ? De la Peste Noire aux découvertes scientifiques du xxe  siècle (comme la vaccination et les antibiotiques) en passant par les laboratoires de pointe qui révolutionnent aujourd’hui l’immunologie, Matt Richtel, journaliste au New York Times, retrace avec pédagogie et humour la grande histoire du système immunitaire.
Quatre récits de vie jalonnent cette épopée  : celui de Jason, qui souffre d’un cancer du système lymphatique  ; de Robert, séropositif  ; de Linda, atteinte de polyarthrite rhumatoïde  ; et enfin de Merredith, qui a développé au moins trois maladies auto-immunes.
À travers leurs histoires particulières et celle de la recherche scientifique en général, Matt Richtel dévoile autant de facettes mystérieuses et passionnantes de notre système immunitaire.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Benjamin Kuntzer

Matt Richtel est journaliste au New York Times. Il a reçu le prix Pulitzer pour une série d’articles sur les dangers de l’utilisation du téléphone portable au volant – série rassemblée dans son premier livre, A  Deadly Wandering, paru en 2014 (non traduit en français). Il vit à San Francisco.

SOURCES

The discovery of Type 1 Diabetes – 2000 – Edwin A.M. Gale – American Diabetes Association – Diabetes journals / https://diabetes.diabetesjournals.org/content/50/2/217

Diabetes: Past treatments, new discoveries – Medical news today / https://www.medicalnewstoday.com/articles/317484#early-science

Endocrine changes in Obesity – 2017 – Sharleen Sidhu, MD, Tanvi Parikh, MD, , and Kenneth D Burman, M.D. National Center for Biotechnology Information / https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK279053/

The Science of Obesity Management: An Endocrine Society Scientific Statement – PDF Free book – https://academic.oup.com/edrv/article/39/2/79/4922247

 

IMAGES

1 – Features image: Unsplash – Daniel Herron

2 – Joey (Friends) – memecrunch.com

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